Discours du CONAFOHD au lancement du HNRP 2025, Kinshasa 27 Février 2025

Son Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale,

Monsieur le coordinateur humanitaire et coordinateur Résident,

Leurs excellences Mesdames et Messieurs les ambassadeurs

Mes dames et Messieurs membres du corps diplomatique

Mes dames et Messieurs Représentants des Agences du Système des Nations Unies

Chers collègues Représentants des ONG Nationales et Internationales

Mes dames et Messieurs, chacun à son titre et qualité respectif, tout protocole respecté,

Je suis Mr Dieudonné Djela Kalala, coordinateur National Adjoint de CONAFOHD. Nous prenons parole exceptionnellement à ce  lancement du Plan de Réponse Humanitaire (HNRP) 2025 pour la RDC au nom des ONGN, à la place du coordinateur national de CONAFOHD, Docteur De-Joseph KAKISINGI qui n’a pas la possibilité aujourd’hui de se déplacer de Bukavu à Kinshasa pour venir participer à cette manifestation humanitaire importante à cause des circonstances que nous connaissons tous.

« La République démocratique du Congo (RDC) traverse une période humanitaire critique exacerbée par la guerre en cours qui vient compliquer une situation humanitaire déjà assez complexe. Dans les deux Kivu, des milliers de personnes sont contraintes de fuir leurs foyers à cause de la guerre. Des centaines des milliers de personnes déjà déplacées, sont obligées de se ré-déplacer ou contraintes de rentrer dans leurs milieux d’origine sans garantie de sécurité et sans assistance adéquate parce que les conditions ne le permettent pas. Nous assistons à un chaos humanitaire sans précédent. Les chiffres que contient le Plan de Réponse Humanitaire 2025 qui vont nous être présentés ici, fruit d’un travail acharné de la communauté humanitaire de la RDC, sont alarmant, mais devraient être pris à titre indicatif car la situation humanitaire sur terrain évolue très rapidement et j’ai peur que déjà ces chiffres ne soient dépassés.

La RDC est un pays immense et déjà difficile d’accès en raison du manque d’infrastructures, il faut ajouter à cela aujourd’hui, la restriction d’accès liée aux contraintes sécuritaires et au non-respect des droits humanitaires dans les zones non contrôlées par le gouvernement central. Une situation qui rend le travail des acteurs locaux périlleux et internationaux presque impossible dans ces zones. C’est l’occasion ici de féliciter le coordinateur humanitaire pour son leadership courageux en ce moment de grande tempête. Sa voix, réclamant le respect des droits humanitaires et la garantie d’accès humanitaire pour  ces milliers des personnes sans espoir du lendemain et ces acteurs humanitaires contraints à faire profil bas, quand ils ne sont pas obligés de vivre dans la  clandestinité, même si assourdie par les bruits de bombardements, résonne au fond des cœurs des acteurs locaux comme un  réveil de conscience à tenir leurs engagements humanitaires quelles que soient les circonstances, dans le strict respect des principes humanitaires. Nous tenons également à féliciter madame Carla Martinez pour le maintien en activité du bureau d’OCHA, malgré la situation complexe, dans les zones compliquées du Nord et Sud Kivu. Le maintien de ces bureaux fonctionnels encourage beaucoup les acteurs locaux à garder le cap et continuer à contribuer significativement à la récolte des alertes, à organiser les évaluations préliminaires et des Evaluation Rapide Multisectorielle (ERM), dans les zones où les conditions de sécurité le permettent en coordination avec le staff d’OCHA.

Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale,

La situation humanitaire que traverse le pays exige une implication plus marquée du gouvernement et des acteurs locaux qui déjà sont au premier plan avec leurs moyens de bord. Nous sommes dans une situation où le gouvernement est dans l’obligation de participer activement au leadership humanitaire. Il est très important que les acteurs humanitaires se sentent accompagnés au quotidien par son Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale et ses services. Cette proximité est cruciale pendant cette période d’exacerbation de la crise congolaise déjà complexe.

La crise congolaise, qualifiée de crise négligée et oubliée, est toujours sous financée et arrive rarement à être financée à une hauteur qui atteint 50% et cela presque exclusivement par les partenaires externes. L’aggravation de la crise humanitaire va nécessiter plus d’argent pour la financer et apporter une réponse humanitaire à la population touchée. Dans ce contexte où le pays a besoin de mobiliser plus d’argent, l’USAID a pris des mesures qui mettent le monde humanitaire dans l’incertitude et qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur l’action humanitaire si les mesures ne sont pas levées.  C’est dans ce contexte  que nous aimerions encourager le gouvernement à prendre plus de responsabilité et de leadership dans la matérialisation de ce plan de réponse en participant de manière significative au financement de ce plan et en utilisation de canaux existant et spécialisés dans la délivrance de la réponse humanitaire.

Son Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale,

Mes dames et Messieurs, chacun à son titre et qualité respectif, tout protocole respecté,

Depuis plus de trois années, CONAFOHD milite pour la localisation de l’aide humanitaire en RDC, une approche qui met en première ligne les acteurs nationaux et locaux.

Qu’il me soit permis de m’adresser à son Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale, : «Excellence, nous sommes à l’heure de la localisation de l’aide humanitaire où les acteurs locaux doivent prendre la première ligne. Et quand on parle des acteurs locaux, on voit en premier le gouvernement, puis les autres acteurs dont les ONG nationales et locales.

CONAFOHD voudrait appeler notre gouvernement à jouer son rôle de leader dans la réponse humanitaire en RDC.

Cela passe par, je cite :

  • La contribution financière substantielle, visible, mesurable, réelle du gouvernement et qui arrive à destination, aux bénéficiaires et gérée selon les règles de l’art.
  • Une contribution du gouvernement au Fonds Humanitaires (CBPF) encouragerait les bailleurs à donner plus d’argent pour appuyer la RDC et renforcerait la localisation de l’aide dans notre pays.
  • La contribution du gouvernement au Fonds Humanitaires pour les Acteurs Locaux (FOHAL), un fond destiné aux acteurs locaux et co-geré par eux avec tous les donateurs (local led fund) selon les mécanismes classiques inspirés de Start Network et Fonds Humanitaire, sous l’encadrement technique d’OCHA et du coordinateur humanitaire. Ce mécanisme donne au gouvernement une opportunité d’ouvrir un fond réellement humanitaire et transparent qui permettra aux acteurs locaux de donner la première réponse rapide en cas de catastrophe naturelle ou entropique et même de financer des actions humanitaires anticipées et la préparation des communautés aux risques des catastrophes.

Son Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale, ces propositions sont réalisables sans que le gouvernement ne soit obligé de prendre des mesures supplémentaires mais en utilisant de manière rationnelle déjà les différents fonds et mécanismes (caisses sociales, etc…) qui existent et en orientant de manière transparente le budget destiné à l’action humanitaire.

Les ONG nationales, regroupées au sein du CONAFOHD, constituent un pilier important dans l’action humanitaire en RDC.  Dans un environnement complexe, les ONG nationales essayent de combler le gap et prolonger l’action du gouvernement en donnant la première réponse aux communautés sinistrées et en les accompagnants sur le chemin de la résilience.

Excellences, Mesdames et Messieurs, tout protocole respecté,

J’aimerais finir mon propos en vous rappelant que le deuxième symposium sur la localisation de l’aide humanitaire en RDC prévu initialement du 24 au 26 février ici à Kinshasa,  a été reporté à une date ultérieure qui sera dicté par amélioration de la circulation entre les zones occupées et le reste du pays.

Nous profitons de l’occasion pour rappeler à l’Excellence Madame la Ministre des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale, notre demande de voir son excellence Madame la Première Ministre, cheffe du gouvernement patronner cet événement d’une importance humanitaire majeure pour notre pays qui fait face aux défis humanitaires énormes.

Retour en haut